Les tribunaux islamiques ont entériné la condamnation à mort par pendaison d'un kurde iranien de 21 ans, Makouan Moloud-zadeh, coupable de "viol sur garçon” (lavat) en direction d’un gamin de 13 ans huit ans plus tôt. La cour suprême a rejeté son appel le 1er août dernier, bien que les enfants ne soient pas pénalement responsables en cas de délit selon le code pénal iranien. Dénoncé par l’un de ses cousins pour “comportements inconvenables”, le jeune iranien a été arrêté le 1er octobre 2006 à Paveh, sa ville natale. Son partenaire, dont l'identité aurait aussi été aussi révélée par ce même cousin, pourrait avoir fourni une liste des anciens boyfriends du jeune accusé. Certains d'entre eux se sont rétractés au procès de Makouan en août 2007, tandis que celui-ci nie toujours les faits qui lui sont reproché malgré des interrogatoires menés de manière forte. Il n’a reconnu qu’un seul acte de sodomie à l’âge de 13 ans, dont on ne connait d’ailleurs pas les circonstances. En Iran et selon l’article 1200 de la charia, la majorité sexuelle d’un garçon est de quinze ans et celle d’une fille est de neuf ans. Makouan ne pouvait pas être juridiquement en infraction à ce moment de sa vie…

On rappellera que l’Iran a signé la Convention des Droits de l’Enfance. Le système judiciaire iranien est censé attendre cyniquement que les mineurs condamnés à la peine capitale soient âgés de 18 ans pour les exécuter, suivant un raisonnement créationniste qui ne peut établir qu’un être humain puisse évoluer positivement de manière définitive - on nait  “bon” ou “mauvais” - et selon lequel l’inné chasse indubitablement l’acquis. Or pendant l’été 2005, deux jeunes gays, Mahmoud Asgari et Ayaz Marhoni, avaient été pendus sur la place publique. Si Mahmoud avait 18 ans, son ami n’en avait que 16…

Le code pénal iranien considère les rapports sexuels entre personnes du même sexe comme un crime punissable par la mort pour les hommes et par des coups de fouet pour les femmes. D’autant que les lois sur la sodomie regroupent le viol, l’attentat à la pudeur, l’inceste et l’abus sexuel d’enfants. Elles combinent ainsi des crimes de violence sexuelle avec des actes de sexualité non-procréative et permettent de juger les personnes LGBT comme des délinquants punissables par la loi au titre de déviants sexuels. L’utilisation de la torture, des confessions obligatoires, et du traitement inhumain des détenus accable encore le système criminel et juridique iranien : depuis le début de l'année, des milliers de jeunes gens ont été punis par flagellation dans les prisons de la République islamique. On ne compte pas non plus les victimes des exactions de la campagne nationale actuelle contre les comportements immoraux, qui touche principalement les milieux progressistes et les homosexuels.

Environ 177 personnes ont été exécutées en Iran en 2005, dont un certain nombre pour homosexualité. 250 exécutions ont été appliquées en Iran depuis janvier 2007, où la peine capitale est prononcée notamment pour adultère, homosexualité, apostasie et trouble à l’ordre public. Au cours des mois de juillet et d'août 2007, vingt personnes ont été condamnées pour viol sur mineurs, adultère ou relations homosexuelles.

Alors que le président Ahmadinejad déclarait le lundi 24 septembre à l’université de Colombia «en Iran, nous n'avons pas d'homosexuels comme dans votre pays», Amnesty International dénonce les violations des droits humains en majeur partie liées à des pratiques inéquitables de l’appareil judiciaire iranien. L’organisation condamne la peine de mort “qu'elle considère comme le châtiment ultime le plus cruel, le plus inhumain et le plus dégradant” et appelle les autorités iraniennes  “à commuer toutes les condamnations à mort et à s'engager sur la voie d'un moratoire”.

Nathalie Szuchendler