Nicolas Sarkozy avoue qu’il aurait aimé être journaliste. Et de fait, par moments, on se demande s’il ne se prend pas pour le rédacteur en chef de toutes les rédactions…

Tous les livres parus à son sujet ces derniers mois sont unanimes : Nicolas Sarkozy est une bête médiatique. Il a compris avant tout le monde l’importance du symbole et du moment. Il tutoie volontiers les journalistes, les nourrit en anecdotes savoureuses, en rebondissements dignes de séries américaines, parle franc, un peu trop parfois... Autant Ségolène Royal se méfie, autant Sarkozy la joue open space pour mieux influencer et modeler l’opinion publique à travers les médias. Jusqu’à leur fournir la matière et parfois même le traitement. Comme ce fameux jour de la prise d’otages à Neuilly.

Héroïque de sang-froid, Sarkozy demande à négocier en personne avec le ravisseur, le mène en bateau pendant que le GIGN et Pasqua préparent l’assaut. Le preneur d’otages mort, Nicolas Sarkozy exige d’un homme du RAID qu’il lui donne une petite fille pour sortir avec dans ses bras. D’après Le Canard enchaîné, il récupérera les photos du ministère de l’Intérieur pour s’assurer que le groupe Hersant (l’un de ses meilleurs amis) ait un jeu complet, et elles paraîtront dans Le Figaro magazine pour illustrer un article sur le héros de Neuilly.

Qui pourrait le lui reprocher ? N’est-ce pas la vocation d’un homme politique que de mettre en scène son action? Sauf que Sarkozy abuse aussi de son statut pour intimider. Il connaît son pouvoir de persuasion, mais aussi de dissuasion, lorsqu’il s’amuse à lancer aux journalistes « embarqués » chargés de le suivre : « C’est marrant, je connais tous vos patrons. » Et ce n’est pas qu’une boutade… Le téléphone d’Édouard de Rothschild, par exemple, sonne fréquemment pour s’entendre dire qu’il a décidément acheté un « journal de merde ».

Cité par Frédéric Chapier dans Nicolas Sarkozy : enquête sur un homme de pouvoir (Presses de la Cité), l’un de ces journalistes embarqués dresse un portrait peu flatteur : « Sarkozy observe tout, il voit tout. Il ne parle que de lui. Il n’a aucun humour. Il est très premier degré. C’est une langue de vipère qui pense toujours à se venger. Un sanguin qui a du mal à se contrôler. » Caroline Fourest & Fiammetta Venner