0n a beau savoir que le Hamas palestinien compte en France de nombreux partisans, le plaidoyer des universitaires Esther Benbassa et François Burgat en faveur du mouvement islamiste publié dans Libération laisse pantois.

Sur une page aussi pleine que leurs arguments sont creux, les deux auteurs, sous couvert de protester contre le boycott économique à l'encontre du gouvernement palestinien dirigé par le Hamas, s'acharnent à relooker son islamisme hard en organisation innocente et vertueuse qui ne ferait pas de mal à la moindre fille d'Eve, au contraire!

Il n'est question à chaque ligne que de l'abominable parti pris des partisans des Lumières, de leur entêtement à discréditer le Hamas et, partant, tous les musulmans, qu'ils soient de Gaza ou d'ici. Au passage, on fustige le « vaste front national Â» qui assemble, « de Philippe de Villiers à Charlie Hebdo, des pans entiers de la gauche et de la droite parle- mentaire ». Bref, on dénonce, on fouette, on amalgame.

Or les signataires de ce morceau de bravoure ne sont pas d'obscurs militants. Si l'on découvre sans surprise le nom de François Burgat, spécialiste des mouvements islamistes et chercheur hypnotisé depuis vingt ans par l'objet de sa recherche, celui l'Esther Benbassa laisse rêveur.

Communautariste, antilaïque, cette spécialiste du judaïsme a fini par tomber du côté où elle penchait: à la rescousse de l'inté- grisme qu'elle encadre de guillemets tout au long du texte pour mieux nous convaincre qu'il n'existe pas.

Quelle escroquerie tragique !

Martine Gozlan