Chers Amis,

C’est avec une grande tristesse que nous partageons avec vous la nouvelle du meurtre de Fanny Ann Eddy. Fanny Ann a été attaquée, dans la nuit du mercredi 29 septembre, dans les bureaux de la SLLAGA, l’Association Lesbienne et Gay de Sierra Leone, qu’elle avait fondée et qu’elle dirigeait. Les assaillants se sont introduits par effraction dans les locaux où Fanny Ann travaillait seule cette nuit-là. Selon les premières informations que nous avions reçues, elle aurait été violée et on lui aurait brisé la nuque.

Les circonstances de sa mort semblent différentes de ce qui avait d’abord été annoncé. Elle aurait été étranglé et n’aurait pas été violée. Aucun suspect n’a été identifié pour l’heure. L’enquête semble procéder normalement. Le vol de son ordinateur, de son générateur d’electricité et de son téléphone portable pourrait indiquer que les motivations du crime ne sont pas liés à l’activisme de Fanny Ann même si cette possibilité n’est pas écartée.

Fanny Ann militait de longue date pour les droits des personnes LGBT. Malgré le machisme et l’homophobie régnant en Sierra Leone, elle s’est courageusement affirmée comme une femme lesbienne, se battant pour toutes les minorités sexuelles. Ce choix lui a coûté la vie. L’implication de Fanny Ann dans le mouvement mondial des droits LGBT se concrétisa notamment lors de sa participation à la délégation LGBT lors de la session d’avril 2004 de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies. A l’UNCHR à Genève, elle s’adressa aux délégués afin de briser le silence entourant l’homosexualité dans les pays africains et, en particulier, celui rencontré par les femmes lesbiennes ou bisexuelles. Nous publions ici une copie de son témoignage à l’ONU.

Sa contribution au mouvement LGBT ne s’est pas limitée à Genève et au Sierra Leone. Fanny Ann participa également de manière active au récent All Africa Human Rights Symposium à Johannesburg. L’impression qu’elle fit sur les gens qu’elle rencontra lui valut une place dans le comité directeur ad interim d’All Africa Human Rights. Son engagement envers l’Afrique et le Sierra Leone, qu’elle aimait tant, est resté constant toute sa vie. Malgré sa mort en martyr, nous devrions nous rappeler qu’elle aimait sortir et s’amuser, qu’elle chérissait sa famille et son fils de 10 ans qu’elle laisse derrière elle. Vous pouvez l’entendre avec ses propres mots dans l’interview qu’elle donna au groupe africain, Behind the Mask (Derrière le masque). Elle nous manquera énormément.

En souvenir de Fanny Ann, Rosanna Flamer-Caldera, Co-Secrétaire général de l’ILGA, nous invite à ne pas permettre que sa mort soit inutile : " Laissons la lumière de Fanny Ann vivre en chacun de nous. Rassemblons-nous et travaillons ensemble à l’accomplissement des buts que nous nous sommes fixés, dans le respect de la mémoire de toutes les Fanny Ann dans le monde qui ont fait l’ultime sacrifice ".

L’enterrement est prévu jeudi 7 octobre à Freetown. Plusieurs personnes et groupes s’organisent de manière à pouvoir accueillir les dons pour couvrir les frais de la cérémonie, subvenir aux besoins immédiats de son fils et poursuivre le travail de SLLAGA. Pour plus d’informations, vous pouvez contacter www.mask.org.za, ou écrire à Daniel@mask.org.za.

Merci à Corinne Dufka de Human Rights Watch, qui a gardé le contact avec la Police de Freetown et à Paula L. Ettelbrick, International Gay and Lesbian Human Rights Commission pour les dernières nouvelles de Fanny Ann.
ILGA